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Ticket for Change : "Notre pari est de faire du travail un lieu d’épanouissement et d’impact sociétal"

À l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire, ID propose plusieurs portraits d’entrepreneurs engagés dans des projets écologiques et solidaires. Zoom sur Ticket for Change via son initiateur et co-fondateur, Matthieu Dardaillon.

Un aller simple vers une nouvelle vie ? C’est en quelque sorte ce que propose la start-up Ticket for Change, dont l’ambition est de "mettre en mouvement celles et ceux qui ont le potentiel de changer le monde" via leur travail. Matthieu Dardaillon a initié ce projet en 2014, il a répondu à nos questions.

Que propose Ticket for Change aux aspirants au changement ?

Ticket for Change est une association qui va bientôt avoir cinq ans. On se présente comme une école nouvelle génération pour acteurs du changement. On s’est rendu compte que 94 % des Français déclarent vouloir avoir un impact social et environnemental, que 20 % d’entre eux passent à l’action, et seulement 6 % dans le cadre de leur travail. Notre raison d’être est de lutter contre ce gâchis de talents. Pour nous, tout le monde a quelque chose d’unique à apporter, donc on essaie de faire en sorte que tous ceux qui veulent agir puissent le faire en particulier par leur travail. Notre pari est de faire du travail un lieu d’épanouissement et d’impact sociétal. Concrètement, on propose des formations en ligne et en présentiel : un parcours entrepreneur qui s’adresse aux personnes qui ont déjà une idée d’entreprise sociale, un MOOC (module de cours en ligne – ndlr) en sept semaines qui s’appelle "Devenir entrepreneur du changement" que l’on a construit avec HEC, pour découvrir ses talents et passer à l’action. Nous proposons aussi des podcasts "Vécus" qui sont des retours d’expérience d’entrepreneurs du changement. Puis, il y a aussi des activités en entreprise avec "Corporate for change" parce qu’on pense qu’il faut également faire changer les entreprises de l’intérieur pour qu’elles prennent plus en compte les enjeux sociaux et environnementaux.

Votre livre Activez vos talents, il peuvent changer le monde vient d’être publié. De quoi est-ce que cela traite principalement ?

C’est un livre qui synthétise une bonne partie des pédagogies de Ticket for Change. Il y a trois points : un manifeste - on explique que ce que l’on fait au quotidien au travail peut vraiment avoir un impact sur la transition. Ensuite, il y a des outils très concrets pour trouver sa voie d’acteur du changement. Ce n’est pas un livre pour devenir entrepreneur social. C’est un livre pour trouver ses talents uniques, ce qui est singulier chez nous, le croiser avec les causes qui nous touchent dans le monde, et découvrir comment on peut en faire notre travail et gagner sa vie à être utile. L’une des voies est d’être entrepreneur social, mais ce n’est pas la seule. Puis, il y a plein d’exemples pour montrer que c’est possible, qu’il y a des choix et des parcours de vie très différents. Je le présente comme un guide pratique pour construire une carrière à impact, parce que les gens aspirent de plus en plus à choisir un job en fonction de l’impact qu’il va avoir sur le monde.

Qu’est ce qui vous a donné envie de lancer Ticket for Change ? Y a t-il eu un déclic ?

Il y a eu plusieurs déclics. Parmi les principaux : des lectures qui m’ont fait découvrir le monde de l’entrepreneuriat social. Adolescent, j’étais très engagé dans des associations, puis j’ai fait une école de commerce. J’avais l’intuition que c’est par l’entreprise que l’on pouvait avoir un impact. J’étais un peu tiraillé entre le monde associatif et le monde de l’entreprise et j’ai découvert qu’au milieu de ça, il y avait l’entrepreneuriat social. Ensuite, avec un ami de promotion, nous avons fait un voyage initiatique pour découvrir ce qu’était l’entrepreneuriat social sur le terrain. Nous avons passé trois mois aux Philippines, trois mois en Inde et trois mois au Sénégal. Puis, il y a eu un déclic particulier qui a été une grande inspiration pour Ticket for Change. En Inde, j’ai participé à un événement, un tour de l’Inde en 15 jours, où 450 jeunes de 18 a 25 ans vont à la rencontre d’entrepreneurs sociaux. C’est un format de voyage, qui fait émerger des émotions, vivre des transformations. Cela m’a bouleversé, je me suis dit que c’était incroyable et qu’il fallait absolument l’adapter en France.

Y a-t-il un projet qui vous a particulièrement touché lors de ce voyage ?

Oui, il s’agit d’Aravind Eye ; un hôpital ophtalmologique en Inde, qui fait beaucoup d’opérations de la cataracte. Un médecin a cherché à y réduire les coûts, puis a inventé un modèle économique social où les actes sont gratuits pour les plus démunis et d’un prix plus élevé pour les autres. Pourtant l’organisation est rentable. J’ai trouvé ça incroyable, car c’est un fonctionnement fondamentalement social, avec un vrai modèle économique et qui peut être dupliqué partout dans le monde.

En résumé, qu’est ce qu’il faut savoir quand on veut devenir entrepreneur du changement ?

De mon point de vue, ce qui est essentiel, c’est de tomber amoureux d’un problème. Il faut s’attaquer à un vrai problème de société qui nous touche vraiment et s’attacher plus à ce problème qu’à la solution qu’on a en tête, parce que la solution est amenée à changer. La deuxième chose, c’est qu’il faut se trouver au cœur de ce qui nous donne de l’énergie. Être entrepreneur demande beaucoup de travail, de temps, donc il faut s’assurer que c’est au cœur de ce que l’on aime faire. Il faut aussi absolument s’entourer des meilleures personnes possibles dans son équipe – c’est le plus crucial – et se faire accompagner, par des incubateurs par exemple. Cela peut demander du temps, mais c’est du temps qui va être gagné ensuite.